« Pour vivre pleinement sa vie, il faut savoir aimer de chaque croyance un saint, de chaque culture un chant et de chaque journalisme une chronique » c’est ainsi que se termine la belle préface sous la plume d’un Yasmina Khadra toujours égal à lui-même, qui vient annoncer l’ouverture d’un nouveau livre de mon ami El Yazid : « Galou Goulna ». Il disait quelque part dans cette prestigieuse préface qu’«Ecrire est aussi une conviction forgée dans une vocation éclairée. C’est un projet de partage, une générosité, ce à quoi aspire El Yazid »
Pour ma part, par souci de partage et y rajoutant un petit je disais que cela fait déjà longtemps, que dans ce monde chaque matin si sérieux, je guettais, ses billets sporadiques dans « raina raykoum » « El-Guellil » ou ses chroniques hebdomadaires, sur l’actualité autrement vue, le jeudi dans le quotidien d’Oran. Passager du week-end ou bien nomade de toujours? Je m’interroge. Je le cherche, tantôt saisissable, tantôt fugace. Est-ce Arlequin, ou bien est-ce Pierrot ? Je le recherche. Divers, alternant, variant, multiple et pluriel. Cet infidèle, papillonnant, espiègle, qui se joue de la langue française. Instinctif aussi, il sait prendre à rebours ce qui se passe de sérieux dans ce monde et en faire une histoire dont la trame, voulue, violemment lente, est souvent, à la chute, apaisante. Et même quand il est témoin, il se définit obscur, croisement d’emprunt, pour celui que je connais, délicat et poli, mais réellement au final, une énergie timide, sensible et vulnérable. Il est ainsi, le barde trouvère, le rêveur, le fils d’Apollon, l’amant des muses. Le poète jongleur de rimes de Sétif : El-Yazid Dib. Aimant sa ville jusqu’à l’ivresse ; il plaint craintif les gouverneurs, ces protecteurs du pouvoir en provinces qui, sans qu’elle ne leur demande rien, l’ont souvent violée. Elle qui ne se donne pas facilement. La frustration de perdre son amante cité, déjà chimère, le travaille au corps et plus. N’y est-il déjà pas, en plein dedans, parmi les perdants de Sitifis, sa cité ? Il réagit humainement.
Ecorché vif, il crie : « laissez en paix mon inspiratrice, voler et planer comme elle l’a toujours fait, irrattrapable au dessus de sa source, Aïn El Fouara ! Ma muse qui me sert de témoin éclairé, lumineux et visible, à moi l’obscur ». Est-ce un portrait que je peins, ou bien beaucoup d’aveux que j’avoue ? Qu’importe, ici et maintenant, l’important, c’est de dire merci à l’artiste. Parce que l’usage, voudrait que l’on dise, tchao l’artiste. Est-ce une victoire sur le destin ? Question existentielle qui peut recevoir quantité de réponses. Et après. Heureux, cela ne sera pas mon cas. Égoïste sinon chanceux, je n’ai rien choisi, sauf mon amitié pour El Yazid. Témoin obscur soit-il, qui revient, cette foi ci, avec….. « Galou Goulna » (ils ont dit, l’on a dit)
Abdelkader Leklek
Auteur/ Chroniqueur Alger
Co-préfacier de Galou Goulna
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