Les couchers du soleil sont admirables dans le grand Sud, et plus beaux encore à El Oued, ville des mille coupoles. C’est aussi à partir de B’hima, paisible bourgade cernée de merveilleuses dunes géantes dont les sommets se rident par l’action du vent, que l’on distingue le mieux cette féerie, si bien décrite par la célèbre Isabelle Eberhardt qui y séjourna en 1899.
L’astre amorce sa descente majestueuse dans ce monde du silence et de la lumière propice à la méditation et deux nuées de cuivre rouge paraissent comme par enchantement, semblables à deux figures de l’héraldique céleste, à deux licornes de feu cabrées sur le champ d’or mêlé de roux.
La traînée de splendeur qui s’allonge de l’horizon, où décline le soleil jusqu’à la frange dorée des dunes de sable blond, semble être une échelle de lumière frémissante avec des barreaux couleur rubis. L’apothéose dure quelques minutes, puis elle se défait par des dégradations insensibles, mais une clarté diffuse persiste longtemps sous le ciel rougissant.
Ce spectacle a le pouvoir d’attirer les peintres et les visiteurs qui ne manquent guère en cet endroit privilégié. Mais le plus grand attrait de cette ville et de toute la contrée reste la grande humanité de sa population. Les gens sont accueillants. Leur hospitalité légendaire est proportionnelle à leur situation matérielle. Du simple plat de couscous garni de légumes frais du jardin et arrosé de petit lait pour les moins nantis, au festin de grand style où le mouton rôti (méchoui) raidi à la broche de bois est de rigueur. De la modeste maison de terre séchée au somptueux Ksar d’un blanc lumineux dont les pièces fraîches avec leurs lourds tapis de laine cardée, étendus sur le sol que vos pieds fouleront avec délice.
Lorsque l’on flâne dans les ruelles des vieux quartiers, on est époustouflé. De jolies allées tortueuses occupées par des artisans convergent vers une superbe place centrale ; la place du marché. Là, les marchands vous proposent tout ce qui peut se vendre dans le Souf.
L’autre spectacle typique de la région reste pourtant le perpétuel jeu traditionnel «El Kharbga», une sorte de jeu de dames se jouant à même le sol dans le sable et dont les pions sont de simples pierres. C’est un jeu des plus anciens et des plus passionnants auquel s’adonnent, sans discontinuer, les Soufis dans une ambiance folle et quasi quotidienne…….
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